mardi 11 juin 2013

Léon Vandermeersch, Études sinologiques. Paris, PUF, 1994

Voici un extait de la critique de l'ouvrage de Léon Vandermeersch, Etudes sinologiques, par Jean Levi.

Levi Jean. L. Vandermeersch, Études sinologiques. In: L'Homme, 1996, tome 36 n°137. Chine : facettes d'identité. pp. 230-234.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hom_0439-4216_1996_num_36_137_370047


P233

(...) En revanche, on a quelque réticence à suivre l'auteur dans sa théorie de l'écriture comme langue graphique. Il me semble que L. Vandermeersch interprète les faits chinois à travers les cadres conceptuels occidentaux, faisant du langage le principe de structuration du réel alors qu'en Chine ce rôle est dévolu au
rite. Évoluant dans un système à deux termes (oral/écrit) au lieu de trois (geste/parole/écriture), Vandermeersch a cru que les signes idéographiques présentaient effectivemencet cas linguistique unique au monde d'un système de transcription graphique de la pensée non tributaire de la parole, aboutissant à cette absurdité logique d'un objet conceptuel contredisant sa définition : une écriture n'est écriture que parce qu'elle transcrit de la parole, ou, si l'on préfère, qu'elle est une façon de rendre du langage. En réalité, quand il détache les caractères des sons pour en faire de pures représentations graphiques d'un sens, pourvues accessoirement (ou ultérieurement) d'une prononciation il inverse simplement le rapport établi par la linguistique la plus classique entre parole et écriture. En cela Vandermeersch se montre prisonnier de la tradition qu'il croit fuir dans l'élaboration d'un modèle présentant une image inversée, sans se rendre compte que cette création à rebours n'est que la reproduction du même. Le phonétisme est au coeur de l'écriture chinoise ; il en est l'âme ; il fournit le principe qui guide ses règles de composition. (...)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire