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samedi 31 août 2013
vendredi 30 août 2013
De Guignes. Memoire dans lequel on prouve que les chinois sont une colonie egyptienne. 1759
Lu dans l'Assembléé publique de l'Académie Royale des Inscriptions & Belles-Lettres, le 14 Novembre 1758. Avec un Précis du Mémoire de M. l'Abbé Barthélemy, sur les Lettres Phéniciennes; lu dans l'Assemblée publique de la même Académie le 12 Avril 1758.
Par M. De Guignes; de l'Académie Royale des Inscriptions & Belles-Lettres, Professeur au Collège Royal de France en Langue Syriaque, Censeur Royal, Interprète du Roi pour les Langues Orientales, & Membre de la Société Royale de Londres. Le Mémoire que je publie, n'est que le précis de celui que j'ai lu à l'Académie, qui est beaucoup plus étendu ; dans lequel, après avoir examiné l'origine des Lettres Phéniciennes, Hébraïques, Ethiopiennes & Arabes, je prouve plus en détail que les caractères Chinois, ne sont que des espèces de Monogrammes formés de trois Lettres Phéniciennes ; & que la lecture qui en résulte, produit des sons Phéniciens ou Egyptiens. J'y rapporte un grand nombre de preuves que je supprime dans ce précis. J'en ai trouvé depuis beaucoup d'autres , qui font de la dernière évidence. Telles font les pronoms & les particules qui servent à distinguer le pluriel d'avec le singulier, & tout ce qui constitue la Grammaire Chinoise. Tous ces mots sont encore les mêmes que ceux qui sont employés dans la Langue Phénicienne & dans celle des Cophtès, qui est un débris de l'ancienne langue Egyptienne. Mais je réserve toutes ces preuves, soit pour les Mémoires de l'Académie, soit pour un Ouvrage particulier, que je me propose de faire, & dans lequel, après avoir donné les principes & comme le rudiment des caractères Chinois, regardés comme caractères Egyptiens, j'appliquerai toute l'histoire
ancienne de la Chine à celle de l'Egypte. J'avoue que ce que je propose
ici paroîtra singulier. C'est un sentiment que j'ai été forcé
d'embrasser, convaincu par la nature des preuves qui se sont offertes en
foule. Plusieurs Savants ont dit avant moi, que les Chinois étoient une
colonie d'Egyptiens. M. Huet en particulier, qui a proposé cette
conjecture dans son Histoire du Commerce & de la Navigation des
Anciens, a cru que les grandes conquêtes d'Osiris & de Sésostris
avoient fait passer dans l'Inde & dans la Chine beaucoup
d'Egyptiens. Il s'est fondé sur une certaine conformité que l'on
apperçoit entre les usages des Egyptiens & ceux des Chinois.
Quelques Sçavans Anglois également frappés de cette conformité, ont
adopté le même sentiment ; mais ils ont avancé en même temps que les
Egyptiens venoient au contraire des Chinois, & que
Nòë, après le déluge, s'étoit retiré à la Chine, qui étoit devenue le
berceau des arts & des sciences : mais toutes ces conjectures pour
lesquelles on ne pouvoit apporter de preuves solides, étoient restées
dans l'obscurité.
Monsieur de Mairan a
renouvelle depuis peu le sentiment de M. Huet, & a examiné plus en
détail les mœurs des Chinois, pour en faire une comparaison avec
celles des Egyptiens : il a écrit sur ce sujet plusieurs lettres aux
Missionnaires Jésuites qui sont à la Chine.
(... p57) Chez presque tous les peuples du monde l'écriture n'est que la parole écrite. Les mots dont la quantité dans chaque langue est plus ou moins considérable, suivant que, la nation est plus ou moins éclairée, sont composés de syllabes dont le nombre est limité, parce qu'elles représentent les sons de la voix ; les syllabes peuvent se résoudre en un très-petit nombre d'éléments qui font communs à plusieurs, d'entre elles ; & c'est ainsi qu'à la faveur d'une certaine quantité de lettres, nous pouvons rendre toutes nos idées & tous les sons qui les expriment.
(... p57) Chez presque tous les peuples du monde l'écriture n'est que la parole écrite. Les mots dont la quantité dans chaque langue est plus ou moins considérable, suivant que, la nation est plus ou moins éclairée, sont composés de syllabes dont le nombre est limité, parce qu'elles représentent les sons de la voix ; les syllabes peuvent se résoudre en un très-petit nombre d'éléments qui font communs à plusieurs, d'entre elles ; & c'est ainsi qu'à la faveur d'une certaine quantité de lettres, nous pouvons rendre toutes nos idées & tous les sons qui les expriment.
Mais dans l'écriture Chinoise, chaque caractère est représentatif d'une idée, & et tous ces caractères le réduisent à trois éléments par leur position ou leur réunion, produisent de nouveaux caractères ; qui se distribuent en 214 classes ; c'est ce qu'on appelle, les clefs Chinoises : ces 214 caractères radicaux rapprochés, unis, entre lassés, forment tant d'autres combinaisons, qu'on en fait monter le nombre jusqu'à 70 ou 80 mille. On n'en sera pas surpris, si l'on fait attention que cette quantité renferme la somme des idées de toute une nation, & répond à la somme des mots employés dans les autres langues.
La langue des chinois ne suit pas une marche aussi savante que leur écriture ; composée d'un petit nombre de monosyllabes & de sons qui ne different dans la prononciation que par des sons, elle semble ne reconnoitre aucune règle, n’être assujettie à aucun principe. On n'y voit, ni conjugaisons ni déclinaisons : si l'on réunit deux caractères simples, le son avec lequel on exprimera le signe qui en résulte, n'aura point de rapport avec les sons qui conviennent à chacun des caractères radicaux. Il semble que tous les sons ont été attachés après coup aux signes qu'ils affectent, & que les seconds ont été inventés séparément, & sans relation avec les premiers. Mais, par quel hasard la langue Chinoise est-elle si barbare & si peu travaillée, pendant que le système de leur écriture parait si profond & si réfléchi? C'est un problème qui se résoudra bientôt de lui-même : je dois observer auparavant que plusieurs savants ont tachés d'analyser la Langue parlée des Chinois, & de la rapprocher des Langues Orientale ; mais que les plus grands efforts n'ont heureusement servi qu'à décourager ceux qui voudroient suivre la même route.
J'en tenois une toute différente depuis longtemps, & j'étais persuadé que l'écriture Chinoise renfermoit un mystère qui se déroboit à nos yeux. J'en étudiois les caractères , non tels qu'ils sont aujourd'hui, mais tels qu'ils étoient anciennement; car ils ont éprouvé des variations : les anciens caractères différent quelquefois des modernes par la simple configuration de leurs traits ; d'autres fois ils représentent les objets meme devenus méconnoissables dans les signes qui les ont remplacés. C'est ainsi, par exemple, que le caractère radical qui designe aujourd'hui une Tortue, n'étoit anciennement que lq figure meme de cet animal. De-là, il est aisé de conclure que plusieurs des caractères Chinois ont été dans l'origine des purs Hiéroglyphes, des signes représentatifs des objets ; & l'on apperçoit déjà la plus grande conformité entre l'écriture des Chinois & celle des Egyptiens. D'autres rapports entre ces deux peuples justifient cette idée ; mais quelle lumières pouvoit-il en résulter? les Egyptiens avoient l'écriture Alphabétique ; les Chinois paroissoient ne l'avoir point connue : les uns & les autres avaient des Hieroglyphes ; mais il n'étoit point prouvé qu'ils eussent les meme ; le hasard ne pouvoit-il pas produire les traits de ressemblance qu'on apperçoit dans les usages de ces nations ; & si l'on suppose une communication entre'elles, comment s'est-elle opérée? A quel temps faut-il le rapporter? Ces questions, qui en occasionnoient une infinité d'autres, épuisoient tour-à-tour mes conjectures ; lorsque, sans oser l'espèrer, j'apperçus un fil propre à me diriger dans les détours de ce labyrinthe.
En examinant le nouvel Alphabet Phénicien présenté à l'Académie par l'Abbé Barthelemy, j'y reconnus quelques lettres que j'avois déjà vues parmi les anciens caractères radicaux les Chinois. Telle étoient entr'autres, le Jod & l'Aleph. Le Jod Phénicien est formé comme un trident sans queue & placé obliquement ; c'est avec un signe pareil que les Chinois désignent la main ; & ce qu'il y a de singulier, c'est que le mot Jod en Phénicien, (II est prouvé actuellement par l'inscription que nous a donnée M.
l'Abbé Barthélemy, que la langue Phénicienne n'est autre chose que la
langue Syriaque) signifie aussi la main. Je fus frappé de ce rapport ; mais l'Aleph m'en fournit bien-tôt un second plus frappant encore. Chez les Phéniciens l'Aleph est
une ligne perpendiculair , coupée par deux lignes droites qui forment
un angle en se réunissant d'un côté : ce même caractère se trouve
précisément sous les mêmes traits, dans le même ordre, avec la même
valeur parmi les anciens caractères Chinois, C'est le premier de leurs
signes radicaux, comme l'Aleph est la premiere lettre dans l'Alphabet Phénicien : il désigne l'unité parmi les Chinois, comme l'Aleph la
désigne aussi parmi les peuples de l'Orient ; enfin chez les uns &
les autres il signifie encore la prééminence, & l'action de
conduire.
Autorisé par ces deux
exemples, jé me livrai avec ardeur à de nouvelles recherches. Je
soupçonnai qu'il existoit dans le sein même des Hiéroglyphes Chinois
de véritables Lettres qui, dépouillées de tous les traits qui les cachent
aux yeux, devoient produire un Alphabet fort ancien, & peut-être fort analogue à l'Alphabet primitif de toutes les
nations. Cet Alphabet n'est pas venu jusqu'à nous dans son intégrité ;
mais il doit subsister par parties détachées dans les divers Alphabets
Orientaux; & telle lettre qui s'est altérée ou modifiée parmi les
Hébreux ou les Arabes, a pû conserver son ancienne forme chez les
Phéniciens ou les Ethiopiens. Je plaçai donc tous ces Alphabets dans
autant de colonnes correspondantes, & pour être en état de comparer
leurs élémens avec les caractères Chinois, j'observai que la plupart des Lettres parmi les Orientaux avoient des
dénominations particulieres ; que le Beth, par exemple, signifie une maison, que le Daleth désigne une porte, que l'Ain signifie un œil, & que le Schin ou Sin désigne
une dent ; & me servant de ces dénominations comme d'autant de
données pour dégager l'écriture inconnue des Chinois, je trouvai que le
signe qu'ils employoient pour désigner une maison étoit absolument le
même que le Beth des Hébreux ; que le caractère avee
lequel ils exprimoient une porte, ressembloit au Daleth des Hébreux & des Phéniciens ; que le signe Hyéroglyphique de l'œil n'étoit pas distingué de l'Ain soit
Phénicien, soit Ethiopien; enfin, que les dents étoient représentées
dans l'écriture Chinoise par une mâchoire garnie de pointes, symbole
qui a les plus grands rapports avec le Schin Hébreu, Samaritain & Phénicien. De nouvelles combinaisons me donnerent
de nouvelles Lettres, & je voyois mon Alphabet se développer
insensiblement à mes yeux.
Cependant, j'étois arrêté par une réflexion. La
découverte de ces Lettres prouvoit à la vérité une sorte de
communication entre les Chinois & les autres peuples Orientaux ;
mais elle ne prouvoit point que ces Lettres eussent été communiquées
comme écriture alphabétique. Monsieur Varburton , avoit pensé que le
premier alphabet avoit emprunté ses élémens des Hiéroglyphes mêmes,
& M. l'Abbé Barthélemy avoit mis cette excellente théorie dans un
plus grand jour, en plaçant sur une colonne diverses lettres Egyptiennes, en correspondance avec les Hiéroglyphes qui les avoient produits (Recueil d'Antiq. de M. de Caylus. Tom.I. page 65).
On pouvoit donc présumer que les Egyptiens avoient communiqué aux
Chinois les caractères que je venois de découvrir, mais qu'ils les
regardoient eux-mêmes alors comme des signes Hiéroglyphiques, &
non comme des lettres proprement dites. Pour m'en éclaircir ; je
résolus d'analyser les caractères Chinois qui renfermoient plusieurs de
ces lettres. Si leur réunion formoit un mot Egyptien ou Phénicien, on
sent aisément toutes les conséquences qui devoient résulter de cette
analyse.
Je commençai par le
caractère avec lequel les Chinois désignent le mot Père ; & faisant
abstraction du son qu'ils donnent à ce caractère, je le trouvai composé
d'un I & d'un D , & je lus Jod. Or dans la langue Cophte qui nous a conservé quantité de mots Egyptiens, jod, signifioit Père. Je pris l'ancien caractèrie Chinois qui désigne un amas
d'eau, & j'y trouvai un I & un M, c'est-à-dire, le mot Iam,
dont presque tous les Orientaux se servent pour
désigner la mer. J'en pris un troisième avec lequel les Chinois
désignent un ennemi. Il est composé d'un I & d'un N, c'est le mot Ian qui en Hébreu & en Phénicien, signifie combattre. J'en apperçus un quatrième,qui me parut formé d'un I & d'un F, c'est un des Hiéroglyphes qu'emploient les Chinois pour désigner la main. Il s'agissoit de savoir dans quelle Langue le mot Iof avoit
cette signification. Je n'avois point alors de Dictionnaire Copte, mais
à peine l'eus-je parcouru, que j'y trouvai le même mot avec la même
valeur.
Des résultats si heureux & si prompts surpassoient mes
espérances. La surprise & l'intérêt croissoient à chaque instant.
Cependant je doutois encore ; quelquefois je revenois sur mes pas ,
& j'àssurois ma marche ; d'autres fois je craignois d'être réduit
par des apparences trompeuses , & je ne sentois pas la force de croire des faits qui ne
paroissoient pas dans l'ordre des choses possibles. Je n'avois analysé
que des Hiéroglyphes composés de deux lettres. Je pensai que si je
pouvois expliquer de la même maniere ceux qui étoient formés de trois
lettres ou de trois racines, je trouverais enfin le secret de me
convaincre moi-même , & de me rendre à l'évidence.
Je consultai de nouveau les anciens caractères Chinois. Le caractère Hia qui signifie rompre , briser, n'est qu'un groupe composé d'un Schin & de deux Daleth, ce qui produit le mot Schadad ; qui en Hébreu & en Phénicien signifie dévaster, briser.
Le caractère Kiun, Prince, est formé d'un F & de deux I, ce qui fait le mot Phii. Or
les noms de plusieurs Rois d'Egypte se terminoient en Phis, comme
Amenophis, Aphophis, Saophis, Sensaophis, Biophis, &c , qu'il faut
rendre par les Princes Ameno, Apho, Sao, Sensao, Bio , &c.
Je changeai ensuite de méthode. Je pris les trois racines du mot Iada qui en Phénicien signifioit, savoir, connoître ; ces racines sont un Iod, un Daleth & un Ain. La première quant à sa dénomination grammaticale signifie, comme je l'ai dit, la main ; la seconde une porte, & la troisième un oeil. Je
choisis les trois anciens caractères Chinois qui désignent l'oeil, la
porte & la main ; je les réunis, & je vis paroître un
Hiéroglyphe en usage parmi les Chinois, & qui signifie examiner, avoir.
- Une foule
d'opérations semblables ont été justifiées par le même succès, &
de-là résulte pour la littérature Chinoise Un phénomène étrange, &
pour l'histoire des anciens peuples un nouvel ordre des choses, des systèmes
nouveau & plus conformes à la vérité. Un peuple en possession
depuis une longue fuite de siècles d'une langue qu'il ne connoît pas ;
cette langue enveloppée de traits qui la défigurent , & affectée de sons qui lui font étrangers; une écriture alphabétique convertie en signes hiéroglyphiques l'Egypte & la Phénicie liées avec la Chine par les rapports les plus sensibles ; les lettres, les langues, les annales des plus anciennes nations s'enchaînant les unes aux
autres, & concourant toutes à l'effet d'une harmonie générale.
Voilà quelques traits d'un tableau qui s'offre à nos regards & dont
la suite de ce Mémoire justifiera de plus en plus la réalité.
Je n'examinerai pas ici de
quelle maniere s'est faite la communication entre l'Egypte & la
Chine : quelque distance qui les sépare, le commerce a pû les rapprocher, & l'on sait par les témoignages des Historiens & par les monumens encore subsistants, que les Egyptiens & les
Phéniciens s'étoient établis autrefois sur toutes les côtes de la mer
des Indes. Je n'examinerai pas non plus si les mots Phéniciens cachés
dans la langue écrite des Chinois faisoient partie de l'ancienne langue
Egyptienne, ou s'ils prouvent seulement qu'il avoit passé dans la Chine
des Phéniciens à la suite des Egyptiens. L'essentiel est d'éclaircir
l'objet qui m'occupe, & pour le rendre plus sensible, je ferai la supposition suivante : Des François abordent au loin
dans une ile habitée par des Sauvages, qui, surpris de trouver entre
les mains de ces étrangers, un moyen de se communiquer les idées par
écrit, leur demandent un secret si important ; les François , par des
raisons particulières ou dans l'impossibilité de rendre les sons d'une
langue barbare avec les élémens de leur alphabet, écrivent en présence
de ces Sauvages le mot pere, & leur disent : Toutes les fois que vous aurez ce signe matériel sous vos yeux, vous aurez l'idée de père, & vous le rendrez par le son qui l'exprime dans votre langue. Pour
tirer un plus grand parti de cet exemple, supposons encore que la
langue Françoise, en cela conforme à plusieurs
langues Orientales, supprime souvent les voyelles ; que tous ses mots soient
composés de deux ou trois consonnes, & qu'en l'écrivant on soit dans
l'habitude de grouper ces consonnes ; alors pour écrire le mot père , il suffira de tracer un P & une R ; le mot fils fera représenté par une F une L mises à côté l'une de l'autre avec un S au-dessous.
Les Sauvages rassembleront toutes ces masses de lettres, s'en serviront
comme des signes hiéroglyphiques, en altéreront insensiblement
plusieurs traits, & feront de nouvelles combinaisons à mesure que le
nombre de leurs besoins & de leurs idées augmentera ; supposons
enfin que quatre mille ans après, d'autres Européens reviennent dans cette ile, ils y trouveront d'abord une écriture & une langue
absolument étrangères. Mais quelle sera leur surprise, lorsqu'en
remontant à l'origine de cette écriture dénaturée, ils y découvriront
les ruines de la langue Françoise, & des lettres en usage dans toute
l'Europe. Telle est néanmoins la singularité que nous présente
récriture Chinoise. C'est ainsi que les lettres & la langue
Egyptienne sont devenues à la Chine les instrumens passifs d'une
nouvelle langue, & s'y sont perpétuées dans le silence & dans
l'obscurité.
Nous osons pénétrer dans ces ténèbres pour en faire sortir la vérité, &
déjà s'offrent à nous de nouvelles relations entre l'Egypte & la
Chine. Les Egyptiens avoient trois sortes d'écritures ; l'épistolique
composée de lettres alphabétiques ; l'hiéroglyphique où , l'on
représentoit les objets mêmes ; & la symbolique où l'on se
contentoit de les exprimer par des métaphores & des allégories. Nous
avons vû jusqu'à présent des lettres alphabétiques dans l'ancienne
écriture Chinoise ; on y découvre plus aisément encore l'écriture
hiéroglyphique. Le Soleil y est représenté par un cercle, la Lune par
un, disque, les poissons, les tortues, les serpens, les grenouilles,
les souris & tant d'autres
animaux par ía peinture même de ces objets. Je n'entrerai pas à cet
égard dans un plus grand détail, parce que chez tous les peuples du
monde, l'écriture hiéroglyphique a dû procéder de la même manière ; mais
je tire un argument invincible de l'écriture symbolique, dont les
Chinois ont aussi fait usage, & qui a dû varier chez toutes les
Nations, parce qu'elle n'est fondée que sur des métaphores & des allégories qui varient suivant la
nature du climat, la diversité des animaux, & des plantes, la
différence des usages & du caractère des peuples. Or, nous voyons souvent sur les monuments
Egyptiens une ligne horizontale surmontée d'une boule. Ce signe
symbolique dans l'écriture Chinoise signifie très-haut, très-élevé & c'est
l'épithète qu'on donne à la Divinité. Parmi les Chinois une aile
éployée, signifie le ministre d'un Prince ; & le bonnet, désigne une
grande charge dans l'Etat. Ces deux symboles sont retracés plusieurs
fois sur les monuments d’Égypte ; la haine s'exprimoit chez les Égyptiens
& chez les Chinois par deux animaux antipathiques. Horus-Apollo dit
que les Egyptiens.pour représenter une bataille, peignoient deux mains
dont l'une tenoit un bouclier & l'autre un arc. Les Chinois, pour
représenter une bataille, peignent deux mains & un arc ; & pour
désigner un soldat ils représentent deux mains, une flèche & un
arc. Enfin parmi les uns & les autres, un cercle avec un petit animal
au milieu étoit le symbole du Soleil.
J'ai rassemblé beaucoup d'autres exemples, & si j'avois eu du temps & des
secours, j'en aurais rassemblé un plus grand nombre encore, mais je
ne les aurois pas moins supprimés ; car si mon sentiment n'est pas
encore suffisamment prouvé, il ne le sera jamais ; & s'il laisse
encore des doutes dans l'esprit, je ne dois me plaindre que de ne 1'avoir pas exposé avec assez de clarté.
Mais, dira-t-on, est-il possible que les Chinois
n'eussent pas conservé dans leurs annales quelques traces, quelques
traditions d'un fait si extraordinaire. Je réponds que je les avois
toujours lues pour y voir tout ce que les Chinois y voient eux-mêmes
& non pour y découvrir un système qu'ils ignorent, & dont
je ne pouvois soupçonner l'existence: j'ose me promettre que dans une
lecture plus réfléchie, j'y puiserai de nouvelles lumières ; & pour
garants de cette promesse je vais citer deux faits tirés des livres
Chinois & que je me suis rappellé dans l'instant même où mes
idées commençoient à se développer. Le premier, c'est que depuis le
commencement de l'Empire, il subsiste à la Chine une Nation sauvage
& barbare qui
s'est retirée dans les montagnes, d'où elle fait des courses dans les
environs. Quels sont ces peuples? Ils sont inconnus aux Chinois. Ne
peut-on pas les regarder comme un reste des anciens sauvages du pays
qui, à l'arrivée des Egyptiens, se sont réfugiés dans les montagnes où
ils ont conservé jusqu'à présent leur indépendance. Le second fait est
beaucoup plus précis, & répond directement à la question proposée.
Des Historiens Chinois rapportent qu'il y a des peuples dans le pays de Tatsin qui ont une origine commune avec les Chinois ; par le mot Tatsin les Chinois
entendent tous les pays situés à l'occident de la mer Caspienne, tels
que la Syrie, la Phénicie & l'Egypte. Voilà donc une tradition qui
dépose en faveur de mon sentiment.
Mais dans quel temps, ajoûtera-t'on, s'est faite la communication entre l'Egypte
& la Chine ? Je ne réponds que par une réflexion, mais je ne crains
pas, de dire qu'elle est de la plus grande importance, & qu'elle
mérite la plus grande attention. Vingt-deux familles de Souverains
connues sous le nom de Dynasties,ont successivement gouverné la Chine.
On place à la tête de la première Dynastie le prince Yu, dont le règne commence vers Tan 2207 avant J. C. La chronologie Chinoise remonte infiniment plus haut (Le règne de Fohì n'est pas certain , chez les Chinois ; plusieurs même le retranchent de 1a liste des Empereurs)
; mais comme il n'y a point de liaison entre ses parties, je ne
m'attache qu'à l'époque précédente. Les Princes de la première Dynastie
sont, suivant l'ordre de leur succession, Yu, Ki, Kang, Tchong, &c. Ces
noms sont de la langue parlée des Chinois, & n'ont point de rapport
avec la langue écrite. J'ai donc analysé, suivant mon Alphabet, les
anciens caractères qui représentent ces noms, & j'ai trouvé : Dans
celui de Yu, le mot Men ; c'est Ménès, Roi de Thèbes en Egypte.
Dans celui de Ki, le mot Iadoa ; c'est Ithoès, successeur de Ménès,.
Dans celui de Kang,, le mot Iabia ; c'est Diabiès., 3e. Roi de Thèbes,
Dans celui de Tchong ,Phenphi, c'est: Penphos, 4e. Roi de Thèbes , &c ainsi des autres,
Il suit
de-là que les Chinois en recevant les usages des Egyptiens , se sont
aussi approprié leurs annales ; il suit qu'ils ont placé à la tête de
leurs Dynasties, des Princes
qui regnoient en Egypte , & que la communication entre les deux
Nations s'est faite après le temps de Ménès. Cette conséquence est
confirmée par l'histoire des Chinois. Sous Yao, qui regnoit ayant Yu,
c'est-à,-dire, avant Ménés, toute la Chine, dit-on,
étoit connue, tous ses habitants étoient policés ; quinze cents ans
après, la plus grande partie de la Chine étoit barbare ; c'est une
contradiction manifeste qui ne s'explique qu'en regardant Yao comme un prince Egyptien : la colonie Egyptienne ne paroît être venue à la Chinée
que vers l'an 1122 avant J. C, Alors
on voit un Prince qui la partage entre un grand nombre de Généraux pour
les récompenser. Cas Généraux s'établissent dans les Provinces,
rassemblent les peuples, & les
soumettent à l'ordre : ne connoît-on pas à ces traits, l'origine &
la formation d'un Empire? Ce n'est pas tout encore : l'ancienne année
Chinoise est la même que celle des Egyptiens. Les Chinois donnent au
fleuve Hoang le nom de fleuve noir, sous lequel les Egyptiens désignent le Nil ; les grands travaux pour
arrêter les débordémens du fleuve noir, se font également à la Chine
& en Egypte, & sont accompagnés par-tout des mêmes
circonstances.
Ces faits & tant d'autres que je pourrois y
joindre, prouvent clairement, qu'une partie de l'histoire Egyptienne,
est en dépôt dans les annales Chinoises, & qu'on ne peut l'en
débarrasser que par un travail long & pénible. Il s'agit en effet
d'analyser les caractères Chinois qui renferment des lettres
alphabétiques , d'en composer une espèce
de
Dictionnaire Egypto-Phénicien, & de connoittre par ce moyen les noms
de plusieurs Princes Egyptiens , & le temps précis où l'Egypte a
policé la Chine. Il s'agit encore de dépouiller tous les caractères
hiéroglyphiques & symboliques
Chinois, de les ranger par classes, de les rapprocher des hiéroglyphes
& des symboles gravés sur les obélisques & sur les autres
monuments d'Egypte. Qui sait jusqu'où pourra nous conduire la lumière
qui nous éclaire? Qui sait si nous ne touchons pas au moment où bien
des mystères vont se développer ? Je n'affirme rien. Cependant la langue
des Hiéroglyphes inconnue depuis si long-temps en Egypte est encore
vivante à la Chine, & j'ai tant de preuves que c'est de part &
d'autre la même langue... Mais, je le répète, je n'affirme rien, &
je ne sais que trop, combien de si grandes espérances pourroient
affoiblir les vérités que j'ai annoncées dans ce Mémoire. Me fera-t-il
du moins permis de proposer la question suivante?
Que deviennent les
Chinois, & cette durée immense qu'ils
attribuent à leur Empire, & toutes ces divisions en temps
historique, incertain & fabuleux, & tous ces ouvrages qu'on a
faits pour établir leur chronologie, & tous ceux qu'on a faits pour
la détruire ; & toutes les preuves qu'on en tire contre les livres
de Moyfe, & tous les systèmes qu'on a produits pour défendre le
témoignage de ce Législateur ; & cette sagesse prématurée, &
cette supériorité en toutes choses qu'on accorde aux Chinois, & tout
ce qu'on a dit & tout ce qu'on diroit encore sur un sujet si
important ; tout cela disparoît, & il ne reste plus qu'un fait simple
; c'est que les anciens Sauvages de la Chine, ainsi que ceux de la
Grèce, ont été policés par les Egyptiens, mais qu'ils l'ont été plus
tard, parce que la Chine est plus éloignée de l'Egypte que la Grèce.
jeudi 29 août 2013
Peter Stephen Du Ponceau. A dissertation on the nature and character of the Chinese system of writing (1838)
The Chinese, when they invented their system of writing, found
themselves possessed of a language composed entirely of
monosyllables, each of which was a word of the idiom, so that they
could, by the same character, recall a word and a syllable at the
same time. They also found that each of those words represented an
object or an idea, so that they could present to the mind through the
eye, at the same moment, a syllable, a word, and an idea. It is no
wonder, therefore, that they did not look further, and that their
first endeavour was to affix a sign to each word, by means of which
they would recall the idea at the same time. But the idea was only to
them a secondary object; it was attached to the word, and could not
be separated from it.
All savage nations, in their first attempts to communicate with
each other by writing, have begun with rude pictures or delineations
of visible objects. The original forms of a number of their
characters show, that the Chinese began in the same manner. But that
could not carry them very far; yet it may have served their purpose
while civilization had not made much progress among them. Afterwards
they tried metaphors, which they probably found of very limited use.
At last, as they advanced in knowledge and civilization, they fell
upon a system, which they have preserved during a period of four
thousand years, and with which they appear to be perfectly satisfied.
It is to that system that philologists have given the name of
ideographic writing.
In forming this system, they invented a certain number of what I
should call primary signs, which they applied to an equal number of
words. Some of those signs were abridged forms of their original
pictures and metaphors, but so altered as to be no longer recognised.
The number of those primary or simple characters is not known; it is
to be presumed that it was not greater than could be
easily retained in the memory. The Chinese grammarians, under the
name of keys or radicals, have reduced them to the number of two
hundred and fourteen; but of these several are compounded, so that
the number was probably still smaller. Be that as it may, two hundred
words, more or less, having signs or characters to represent them, by
joining two, three, or more of them together, and using them as catch
words to lead to one that had no sign to represent it, could produce
an immense number of combinations; and a still greater one by joining
to these, and combining with them, the new compounds; and so they
might proceed in the same manner ad infinitum. By means of
that system, with some modifications, the Chinese succeeded in
representing all the vmrds in their language. The ideas were
only an ingredient in the method which they adopted, but it was by no
means their object to present them to the mind unaccompanied by the
word which was their model, and which, if I may use a bold metaphor,
sat to them for its picture; a picture, indeed, which bore no
resemblance to the object, but which was sufficient to recall it to
the memory.
From this general view of the Chinese system of writing, it is
evident that the object of its inventors was to recall to the mind,
by visible signs, the words of which their language was composed, and
not to represent ideas independent of the sounds of that language.
But the number of those words being too great to admit of merely
arbitrary signs, the forms of which could not easily be retained
without some classification to help the memory, they thought of some
mode of recalling at the same time something of the meaning of each
word, and that was done by combining together the signs of several of
them, so as to make a kind of definition, far, indeed, from being
perfect, but sufficient for the purpose for which it was intended.
And that is what the Chinese literati, and the sinologists after
them, have been pleased to call ideographic writing; while,
instead of ideas, it only represents words, by means of the
combination of other words, and therefore I have called it
lexigraphic.
To make this still clearer, I shall add here the explanation given
by the Chinese themselves of their system of writing, for which we
are indebted to Dr. Morrison, in his Dictionary, and M. Abel Remusat,
in his Grammar of the Chinese language (Morrison, Introd. p. 1. Remusat, p. 4.).
I believe it will fully
confirm the representation that I have made of it.
The Chinese divide their characters into six
classes, which division they call Lou-chou according to
Remusat, and Luh-shoo according to Morrison's orthography. As
these two writers do not agree as to the order in which these classes
are placed, I avail myself of the same privilege, and place them in
such order as I think best calculated to give a clear idea of the
whole. The three first relate to the external forms of the
characters, and the three last to the manner in which they are
employed, in order to produce the effect required. We shall now
examine them separately.
I. The Siang-hing, (R.) or Hing-seang, (M.) M.
Remusat calls these characters figurative, as representing as
much as possible the forms of visible objects. Thus the sun is
represented by a circle, with a dot in the middle; the moon by a
crescent; a man, a horse, a dog, the eye, the ear, &c: by linear
figures, representing or attempting to represent the different
objects, the names of which they recall to memory. The Chinese
writers, says Dr. Morrison, assert that originally those figurative
characters composed nine-tenths of their alphabet, which is difficult
to believe, unless the alphabet itself is very limited; but the
Doctor adds that they give but very few examples of them, which is
much more credible.
Be that as it may, those characters, if ever they existed to any
considerable extent, have long ceased to be in use. The Chinese
themselves admit it; and the reason they give for it, according to Dr. Morrison, is, that "they were
abbreviated for the sake of convenience, and added to for the sake of
appearance, so that the original form was gradually lost;" no
trace of it now remains. The characters, as they are at present
formed, present nothing to the eye but linear and angular figures,
quite as insignificant as the letters of our alphabet, otherwise than
by being connected with the words of the language as those are with
its elementary sounds, and when grouped together with the words
themselves. Therefore, as they now appear, those signs can in no
manner be called ideographic.
II. The Tchi-sse, (R.) or Che-khe-sze, (M.) M.
Remusat calls them indicative. They are an attempt to recall,
by figures, ideas that have no figure. Thus the numerals one, two,
three, are represented by horizontal lines, as in the Roman
arithmetical characters they are by vertical ones; the words above
and below, are represented by short vertical lines above
or below horizontal ones; and the word or the idea of middle, by
an oblong square, with a vertical line passing through the middle of
it. It is evident that there can be but few such characters; I have
seen none cited, except those above mentioned. Whatever may be said
of them, there are not enough to characterize a system.
III. The Tchouan-tchu, (R.) or Chuen-choo, (M.) M.
Remusat calls them inverted. They are an attempt to represent
things by their contraries. Thus a character representing a fork,
with three prongs and a crooked handle, the prongs turned towards the
right, stands for the word left, and for the word right, if
the prongs are turned the other way. M. Remusat quotes four others,
intended to represent the words standing, lying, man, and
corpse; but in my opinion they represent nothing to the mind
through the eye, and they must be absolutely guessed at. M. Remusat
says that their number is very small, (tres peu considerable,) and it
is easy to conceive why it should be so.
These three first classes of characters are the only ones, the
ideographic nature of which is said to be inherent to their external
form. It has been seen that the first has long been entirely out of
use, and is now superseded by arbitrary signs, which have no
connexion with ideas, except by recalling to the mind the words by
which the ideas are expressed. The two others, ingenious as they are,
are too few, and too vague and uncertain in their expression, to give
a name, much less a descriptive character to the Chinese system of
writing. We shall now pass to the three other classes, which have
nothing to do with the external form of the characters.
IV. The Kia-tsei, (R.) or Kea-tseay, (M.) which in
the Chinese language signifies borrowed. M. Remusat defines it
thus : (Gram. Chinoise, p. 3.) "To express abstract ideas, or acts of the
understanding, they (the Chinese) have altered the sense of those
simple or compound characters which represent material objects, or
they have made of a substantive the sign of a verb, which expresses
the corresponding action. Thus the heart represents the mind;
a house is taken for man; a hall for woman;
a hand for an artificer or mechanic, &c."
Unfortunately for this theory, the sense of the characters (as
corresponding with the words) has not been in the least altered; it
is the sense of the words that has been changed, and the characters
have followed. In the Chinese spoken language, a sailor is
called a ship-hand, a monk a reasonhouse, or house of
reason, &c., and the writing only applies the appropriate
character to each of these words. The language is full of similar
metaphors: east-west signifies a thing or something; elder
brother with younger brother, signify simply brother,
without distinction of age, &c. (Ibid. pp. 108,109)
The writing does no more than represent these words by the
characters appropriated to each; the metaphor is in the language,
not in the writing.
Dr. Marshman (Clavis Sinica, p. 185.) wonders that he has never seen a Chinese treatise on
the grammar of the spoken idiom. The reason is obvious. The Chinese
affect to ascribe every thing to their system of writing, which they
would have us believe to be an admirable philosophical invention,
independent of, and unconnected with the language, which they
consider only as the oral expression of the characters, while the
reverse is the exact truth. That a vain, ignorant nation should
entertain such notions, is not at all to be wondered at; but that
grave and learned European philologists should adopt them without
reflection, is truly astonishing. The reader will see in the
following dissertation, what strange opinions have been entertained
on this subject, by men of the most profound knowledge and the most
eminent talents.
There is nothing, therefore, in these borrowed characters,
as they are called, that entitles them to
form a class in the Chinese system of
writing. They are, like all the others, but the representatives of
certain words.
M. Remnsat includes in this class the character representing the
verb to follow, which, he says, is formed by the images of
three men placed behind one another. I shall not inquire how
distinctly these images are to be seen in the character suy, to
follow (Morrison's Anglo-Chin. Diet- verbo follow).
It seems to be one of the old obsolete metaphors. This is
what M. Remusat calls changing substantives into verbs, and it is the
only example of it that he produces.
V. The Hoti-i, (R.) or Hwuy-e, (M.) This class and
the following appear to me to embrace the whole graphic system of the Chinese. The first class (so called) is interesting
only to antiquaries, the second and third relate only to the form of
a few characters, and the fourth has been shown to be fallacious.
These two last, therefore, claim our principal attention. I shall
attend, in the first place, to the fifth class.
This class is formed of a combination of two or more characters,
each of which represents a word, to represent another word of the
language. M. Remusat calls it combined. Dr. Morrison, in his
Chinese Dictionary, in which the words are classed in the order of
our alphabet, explains Hwuy-e (No. 4560) to mean "association
of ideas in compounding the characters." The learned
Doctor here, it seems, merely translates a Chinese definition of that
word. We take the liberty to define it thus: "The association or
combining of several words in their appropriate characters to
represent another word." Thus we combine the letters of our
alphabet to give them a meaning which, separately, they have not. The
Chinese combine their significant characters to give to the
groups thus formed a meaning which none of them possess separately.
The meaning is in the words to which the characters are applied, and
that meaning they only hint at by the association of other words
represented by their appropriate signs.
M. Remusat gives us six examples of these combinations. They are
the word.light, represented by the words sun and moon, placed
next to each other; the word hermit, by man and mountain;
song, by bird and mouth; wife, by woman, hand and
broom; the verb to hear, or hearing, by ear and door; and the
substantive tear, by the words eye and water. All these words
are, of course, represented by their signs, which bear no resemblance
to the objects signified, whatever they might originally have done.
The characters are sometimes placed above, below, or by the side
of each other, in their separate forms. Sometimes they are joined
together with various alterations, so as to form but one character,
in which last case they are not always easy to be recognised. Two
hundred and fourteen of them, of which a few are compounds, but the
rest simple characters, have been selected for the sake of method,
and called roots or keys. They serve in the
dictionaries to class the words by their analogies: every word is
placed under some one or other of them. This concerns only the method
or arrangement of the alphabet, but is no part of the system of
writing, except so far, that a certain number of simple characters
was indispensably required to form the basis of a combination system,
which otherwise would have been impossible.
It results from the above, that the graphic system of the Chinese,
generally considered, consists in this:
1. A certain number of arbitrary signs (say two hundred) to
represent an equal number of words, which may be called the nucleus
or foundation of the whole.
2. An indefinite number of characters to represent all the other
words of the language, which characters are formed by the combination
of those primitives with each other, and with the new characters formed by that process also
combined together, so as to have a distinct letter, character or sign
for every word in the language. The separate meaning of the words
thus combined, or the ideas, as the Chinese express it, are
only an auxiliary means to aid in the recollection of the word to
which is attached the idea which is to be conveyed. It very often
happens that those combinations are mere enigmas, and present no
definite idea to the mind, and sometimes one entirely contrary to its
object; but they serve the purpose, precisely as our groups of
letters when they represent different sounds from those attached to
the separate characters.
I have explained this system more fully in the following
dissertation, to which I must refer the reader.
VI. The Hing-ching, (R.) or Heae-shing, (M.)
Although words expressive of moral sentiments, of actions and
passions, and of numerous visible objects, may be represented or
recalled to the memory by combining and placing together other words,
which, by their signification, may serve as definitions or
descriptions, or rather as catch words, to lead by their
meaning to the recollection of the one intended to be represented,—it
is very difficult, when there are a great number of objects of the
same kind, all of which have specific names, but whose differences
cannot be explained or even guessed at by the aid of a few words.
Such are trees, plants, herbs, fruits, birds, fishes, and a great
number of other things. Here the system of catch words could not be
applied; and the Chinese invented this class, or rather this special
combination of characters, to represent those kinds of specific
names.
A certain number of characters, all, in their common acceptation,
representing words of the language, are set apart to be used with
regard only to their sounds, independent of their meaning; and,
joined to the character which represents the name of the genus,
they indicate the sound of the name of the species to be
represented. Thus, if the name of an apple be ping, though
that monosyllable may signify twenty other things, each of which has
an appropriate character, any one of those characters, simple or
compound, provided it be within the selected list, joined to the word
fruit, or the word tree, signifies either an apple or
an appletree, as the case may be. This class of characters the
Chinese admit to be phonetic, or representative of sound, but they
deny it as to all the rest, because they ascribe to the character the
sense which is attached to the significant syllable, and which the
written sign only reflects.
The Chinese have other modes of employing their characters to
represent the sounds of words or proper names of foreign origin; but
they are not included in the above six classes. They are fully
explained in the following Dissertation, in which I have endeavoured
to prove that the Chinese system of writing is essentially phonetic,
because the characters represent words, and words are sounds; and
because, if not connected with those sounds, they would present to
the mind no idea whatever.
The Chinese characters have been frequently compared to our
arithmetical figures, and to the various signs employed in algebra,
pharmacy, &c., and therefore they have been called ideographic,
or representative of ideas. The comparison is just in some
respects; because ideas being connected with the words of the
language, and those characters representing words, they may be said
at the same time to represent the ideas connected with them. But the
comparison does not hold any further. The numerical figures express
ideas which in every language are expressed by words having the same
meaning, and though their sounds be different, the idea is the same;
the other signs are abbreviations, applied to particular sciences,
and understood only by those who are learned in them. There is no
doubt that if all languages were formed on the same model, and if
every word in all of them expressed with precision the same idea, and
if they were all formed exactly like the Chinese, the Chinese
characters might be applied to all in the same manner as our
numerical figures; but that not being the case, those characters are
necessarily applied to a particular language, and therefore, their
object not being to represent ideas independently, but at second
hand, through the words of that particular idiom, they are not
entitled to the name of ideographic, which has been
inadvertently given to them.
If this theory be found consistent with reason and sound sense,
there will result from it a clear and natural classification of the
systems of writing now known to exist on the face of the earth. The
elements of language are words, syllables, and the simple sounds
represented by the letters of our alphabets. Those three elements are
all produced by the vocal organs; and, as all writing is made to be
read by all who understand the language to which it belongs, and to
be read aloud as well as mentally by all in the same words, and in
the same order of words, it seems clear that the written signs must
represent or recall to the mind some one or other of those three
elements; and hence we have three graphic systems, distinct from each
other, but formed on the same general principle—the elementary
or alphabetic, the characters of which, called letters,
represent singly the primary elements of speech, which are simple
sounds; the syllabic, that represents syllables which, for the
most part, have no sense or meaning, but only serve as elements in
the composition of polysyllabic words; and lastly, the lexigraphic,
which, by means of simple or combined signs, represent the words
of a language in their entirety; and this last mode seems to be more
particularly applicable to monosyllabic languages, in which every
syllable has a sense or meaning connected with it, which supplies a
method for the formation of the characters, the multiplicity of which
otherwise might create confusion. Nothing deserves to be called
writing which does not come within some one or another of these three
classes. It might be otherwise, if all men were born deaf and dumb;
but since the habit of speaking, acquired in their infancy, has given
body and form to their ideas, every thing which is not a
representation of those forms, can, in my opinion, only be considered
as an abortive attempt to make visible supply the place of audible
signs, which may have served some limited purposes, but never
deserved to be called writing. In the following dissertation I have
considered in this point of view the hieroglyphics of ancient Egypt,
and the paintings of the Mexicans. I will not anticipate here what I
have said on those subjects. The result is, that an ideographic
system of writing is a creature of the imagination, and that it
cannot possibly exist concurrently with a language of audible sounds.
Another object of this publication is, to discover what ground
there is for the popular notion that several nations, entirely
ignorant of each other's oral language, communicate with each other
in writing by means of the Chinese characters. As it regards nations
whose languages, like the Japanese, are polysyllabic, and have
inflections and grammatical forms, I think I have sufficiently proved
that it is impossible that they should understand the Chinese
writing, unless they have learned the Chinese language, though they
may not be in the habit of speaking it. But it may be otherwise with
respect to those nations whose languages are monosyllabic, and formed
on the same model with the Chinese, and who have adopted the same
system of writing. It cannot be denied, that to a certain extent,
that is to say, as far as words, having the same meaning in both
languages, are represented by the same characters, they may so far,
but no farther, communicate with each other in writing. How far that
can be the case, can only be shown by a comparison of their
languages, and of the manner in which they make use of their written
signs. For this purpose, I wish we had a more extensive vocabulary
than the one here presented, which contains only three hundred and
thirty-three Cochinchinese words, with their corresponding signs; but
I hope it will be followed by others more copious and complete. It is
much to be regretted that the English East India Company declined
publishing the Dictionary offered to them by the Vicar Apostolic of
Cochinchina, which probably was that composed by the venerable Bishop
of Adran (See post, p. 101.) I am not, however, disposed to blame them for this refusal. It is well known that that
illustrious body is not deficient in liberality, and that they have
expended very large sums (M. Hemusat understood, in 1822, that the publication of Dr.
Morrison's Dictionary would cost £10,000 sterling. (Melanges
Asiatiques, vol. ii. p. 25.) The Doctor published several
dictionaries, and other valuable works, so that the whole must
have cost a great deal more) in the publication of Dr. Morrison's
excellent Chinese dictionaries, for which science will ever owe them
a debt of gratitude; it is not astonishing, therefore, that they
should not be willing, at least for the present, to incur farther
expense. But we must not despair of seeing the book published; there
are Asiatic societies at Paris and London, under whose auspices many
valuable philological works have been brought to light; and there is
no reason to suppose that they will not still pursue that meritorious
course. It would be worthy of them to republish the Anamitic grammar
of Father de Rhodes (See p. 87). It seems now well ascertained, that the language of Tonquin and that of
Cochinchina are nearly if not entirely the same; and with that book,
and the two vocabularies here published, a pretty clear idea might be
formed of the nature and character of the Anamitic dialects (There seems to be very little difference between the Anamitic
spoken in Tonquin and that of Cochinchina. In Father Morrone's
Vocabulary we find the word troi for heaven, while M. Kraproth
gives us bloi in Tonquinese for the same word. Thus he gives
us blang for moon, while in the Cochinchinese Vocabulary it is
trang. But the Dictionary which follows gives us troi and
bloi, and trang and blang, as synonymous words.
So that the Tonquinese words appear to be also in use in Cochinchina.
Whether the reverse also takes place, we do not know. After all,
there seems to be but a trifling difference of pronunciation between
them). But to
return to our question.
On examining Father Morrone's Vocabulary, here subjoined, (No.
II.) it cannot but be observed, that in adopting the Chinese
alphabet, the Cochinchinese appear frequently to have paid more
attention to the sound than to the meaning of the Chinese words to
which the characters belong. Thus the character san, (Plate
No. 14) which in Chinese means drizzling rain, is applied in
Cochinchinese to the word sam, thunder; the character chouang,
white frost, (19) to suong, the dew; ko, a lance,
(37) to qua, yesterday; kin, metal, (232) to kim, a
needle; po, to bring a ship to shore, (236) to bac, silver;
tchy, fetters, (227) to choi, a broom,— and many
others of the same kind. It shows how natural it is to consider
written characters as representative of sound.* This, I am well aware
will hardly be credited by those sinologists who consider ideas to be
inseparably inherent in the Chinese characters. The learned M.
Jacquet, to whom I communicated some of these examples, appears
disposed to consider those anomalies as resulting from the addition
or subtraction of some strokes in the running hand of the
Cochinchinese, so that the characters might always be found to be bad
imitations of some which have in Chinese the same meaning as in
Cochinchinese; he, however, candidly acknowledges "que c'est
plutot trancher la difficulty que la resoudre," in which I
entirely agree with him. At the same time I must say, that the
specimens I sent him were too few to enable him to form a decided
opinion, and that he pointed out among them some affinities which
have escaped our friendly annotator, M. de la Palun; as, for
instance, that the character thanh, (Plate No. 86) which in
Cochinchinese means a city, has the same meaning in Chinese,
though it also signifies walls.* He has moreover observed,
that the character ben, (89) which in Cochinchinese means la
partie du nord, de Test, &c., is the same with the Chinese
pien or plan, latus, ora, terminus, (De Guignes, No.
11,169.) But these few observations, however just they appear, do not
solve the question before us. Independent of those characters which I
cannot consider otherwise than as expressive of the Cochinchinese
sounds, without regard to the meaning which they have in China, it is
evident that there are many others, which, though Chinese in their
origin, are combined together in a manner peculiar to the
Cochinchinese language; so that, upon the whole, I cannot resist the
conviction that forces itself upon me, that the inhabitants of Anam
cannot read Chinese books, or converse in writing with others than
their countrymen by means of the Chinese characters, except to a very
limited extent, unless they have made a special study of those
characters as applied to a different language than their own; or, in
other words, unless they have learned Chinese.
(...)
On the whole, by the publication of this book, I have had in view
to establish the following propositions:
1. That the Chinese system
of writing is not, as has been supposed, ideographic ; that its
characters do not represent ideas, but words, and therefore I have
called it lexigraphic.
2. That ideographic writing is a creature of
the imagination, and cannot exist, but for very limited purposes,
which do not entitle it to the name of writing.
3. That among men
endowed with the gift of speech, all writing must be a direct
representation of the spoken language, and cannot present ideas to
the mind abstracted from it. .
4. That all writing, as far as we
know, represents language in some of its elements, which are words,
syllables, and simple sounds. In the first case it is lexigraphic, in
the second syllabic, and in the third alphabetical or elementary.
5.
That the lexigraphic system of the Chinese cannot be applied to a
polysyllabic language, having infiections and grammatical forms; and
that there is no example of its being so applied, unless partially or
occasionally, (In our alphabets we have single letters which represent words, as
A, E, I and O, in Latin; A and I, in English; E and 0, in Italian; U,
in Low Dutch; Y, in Spanish and French, &c. These are at the same
time elementary, syllabic, and lexigraphic. In the ancient Egyptian
system of writing, there are lexigraphic characters; but see what I
have said on that subject, post, p. 129) or as a special, elliptical and enigmatical mode of
communication, limited in its uses; but not as a general system of
writing, intended for common use.
7. That nations, whose languages like the Japanese, and, as is said, the Loo-chooan, are polysyllabic, and have inflections and grammatical forms, although they may employ Chinese characters in their alphabet, cannot possibly understand Chinese books and manuscripts, unless they have learned the Chinese language; and that if those nations whose languages are monosyllabic, and who use the Chinese characters lexigraphically, can understand Chinese writings without knowing the language, it can only be to a limited extent, which it is one of the objects of this publication to ascertain.
Although strongly impressed with the conviction of the truth of these propositions, it is nevertheless with great deference that I submit them to the judgment of the learned.
P. S. D.
Philadelphia, 12th February, 1838.
Extrait de l'introduction Peter Stephen Du Ponceau. A dissertation on the nature and character of the Chinese system of writing (1838)
http://archive.org/details/adissertationon00morrgoog
jeudi 22 août 2013
Le syllabaire des Yi
Le père Jacques Durand, président de l'Institut Ricci à Taipei que j'ai rencontré m'a parlé du langage des Yi (une langue tibeto-birmane) et de leur syllabaire. Il y a un article très complet sur le sujet écrit par Maurice Coyaud : Le syllabaire des Yi des Monts Frais (Liangshan, Sichuan) disponible sur http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/clao_0153-3320_1989_num_18_1_1279
Article Wikipedia sur la langue Yi : http://en.wikipedia.org/wiki/Yi_language
Arcticle Wikipedia sur le peuple Yi : http://en.wikipedia.org/wiki/Yi_people#Language
On trouve aussi sur Wikipedia le syllabaire en codage Unicode : http://en.wikipedia.org/wiki/Yi_Radicals_%28Unicode_block%29
Article Wikipedia sur la langue Yi : http://en.wikipedia.org/wiki/Yi_language
Arcticle Wikipedia sur le peuple Yi : http://en.wikipedia.org/wiki/Yi_people#Language
On trouve aussi sur Wikipedia le syllabaire en codage Unicode : http://en.wikipedia.org/wiki/Yi_Radicals_%28Unicode_block%29
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